Si le hasard t'emmène jusqu'ici, ne fuis point
Surfe et erre sans fin sur le blog du baladin
Smurfe dégingande-toi au sein du bal à daims
Avec imagination, Sans invitation
Ta religion est l'insubordination ?
Alors gausse-toi ici nul n'est bouffon
ni branque ni saltimbanque honnie soit sale ta banque
Juste des pions décidés à enfin décider
dans un bal laid où déambulent des daims
Manifestant leur insoumission avec dédain
LeonnicAsurgi@yahoo.fr


Le Goncourt-il à sa perte ?

Trois pré-sélections puis une désignation au final, en finale, à la majorité d’initiés, ne peuvent couronner un navet, auréoler un riz au lait, un flamby, c’est incontestable, on pourrait affubler les cracheurs dans cette soupe non populaire d’ingrats, taxer les cracheurs de feu de vaniteux TTC, réduire les cracheurs de sang au rang de coléoptères, de bêcheurs. Le Goncourt crache au bassinet en glorifiant un auteur, consacre une œuvre qui est forcément à la hauteur de l’événement, même si quelques détails interpellent.

Déjà, la notion de compétition est plutôt étrangère à l’expression artistique et la littérature n’est pas un art mineur. Les lois de l’écriture, ces règles de base à respecter, grammaticales, syntaxiques et orthographiques, n’empiètent en rien sur l’infini, sur l’infinité des thèmes et des styles, descriptif balzacien ou rugueux, foisonnement d’adverbes, virgules omniprésentes truffant le vide,,,, chants partisans ou non, poèmes, associations phonétiques, slams, textes hachés comme des steaks sans provenance, scandés, intrigues, polars, vulgarités contrôlées, dérapages incontrôlés etc…bref, est-il raisonnablement envisageable de les hiérarchiser et de les comparer alors qu’on n’ose même pas le faire pour des choux non gras et des carottes non cuites ?

Admettons, soit, il serait possible de comparer une saga contemporaine à l’encre de Chine, un récit de guerre à l’encre de sang des soldats, Marlene, le témoignage d’un marin japonais à l’encre de seiche, sans lever l’encre il serait possible de distinguer un écrit à la majorité des votants, mais la démocratie s’applique-t-elle à l’art ? Peut-on décréter qu’une œuvre est meilleure parce qu’elle a recueilli plus de suffrages ?

Admettons, soit, il serait possible de le décréter, il serait possible de s’abriter derrière ce consensus mou qu’on nommerait démocratie. Pourtant, comme ces trains qui passent sans qu’on n’ait la possibilité de les prendre, complets, remplis de zigotos aux manettes, un sujet peut en cacher un autre ; le lauréat occulte ses dauphins mais aussi tous les figurants. Jamais un éditeur « récent » n’a été qualifié en finale du Goncourt, ces mêmes éditeurs tenus de prendre tous les risques pour exister, contraints de jeter des pavés dans cette mare obscure et fermée au public pour se démarquer, forcés de naviguer à vue, de slalomer entre les balles perdues, sans arme, sans permis de chasse gardée. Le Goncourt maintient sous perfusion les librairies en assurant le monopole des éditeurs historiques, en faisant de l’élitisme démocratique, c’est peut-être cela « Goncourir ».

Au jeu des comparaisons, puisqu’on peut comparer tout et n’importe quoi, on pourrait s’amuser à rapprocher la désignation d’un Goncourt d’une élection présidentielle en France. En politique, les pré-sélections aussi sont inéquitables, il faut 500 parrainages d’élus pour pouvoir se présenter et, arme de dissuasion supplémentaire, les comptes de campagne ne sont remboursés qu’à la condition d’obtenir un score significatif, 5% des votants, résultat d’autant plus dur à atteindre que le nombre de candidats s’élève. Ensuite, par contre, c’est la démocratie, une parodie de démocratie assumée, une démocratie revendiquée par les organes du pouvoir, on peut voter librement et sans contrainte pour un des finalistes…et on s’étonne de la recrudescence des votes par élimination. Turlupinades et tarabiscotes au beurre salé dont on veut aussi l’argent et qu’on trempe dans ces tasses de thé qu’on veut nôtres, non, on ne peut pas comparer l’élection présidentielle au Goncourt, on peut le fustiger mais le Goncourt reste un gage de qualité made in France, crée des richesses, sponsorise les librairies ; la politique n’est pas le huitième art.

Un Goncourt n’est pas un spermato qui aurait fécondé, ce spermato qui est en nous, ce spermato qui n’est pas le meilleur de tous mais juste celui qui a gagné au loto, on a tous gagné au loto une fois, ce qui n’offre aucune garantie pour la suite, c’est irréfutable, un Goncourt consacre un génie, l’immense mérite du Goncourt est de rapprocher la littérature du monde de l’argent pour son lauréat, c’est plus que mérité, ce sont juste ses figurants qui ne méritent pas leur sort, eux continuent d’attendre leur chance, sans intermittence, sans théâtralisation, sans public, en jouant leur vie comme si elle n’était qu’un Goncourt, de circonstances.

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